Le Printemps des Poètes au Théâtre Traversière

Qu’est-ce qui vous a rassemblé autour de ce projet ?

David et Frédéric : Le thème « Frontières » conjugué à l’envie de faire quelque chose ensemble, d’échanger sur une scène. La poésie et la musique sont deux arts intimement liés, de par leur oralité, mais également de par leurs inspirations émotionnelles si instinctivement universelles. Provoquer des échanges entre André et nous est tout simplement inspirant, excitant et, nous l’espérons, constructif.

André : Depuis longtemps nous voulions imaginer un récital qui confronterait mes poèmes aux musiques et aux improvisations de David et de Frédéric. Je connaissais le premier comme pianiste et compositeur et j’avais entendu le second auprès de Jean-Louis Trintignant. Être ensemble, à fusionner nos rythmes et nos énergies, était une aventure complice qui se devait d’être tentée.

Quelle résonnance a ce spectacle dans le contexte actuel ?

André : C’est l’affiche du Printemps des Poètes de cette année qui a suggéré cet intitulé. Il s’agit d’une photo de JR où l’on voit des deux côtés de la frontière américano-mexicaine des gens partager un repas, alors que des barbelés les séparent. Pour nous, il est évident que la poésie et la musique peuvent imposer un partage de même nature. Mais ni plus ni moins, restons lucides. Car il n’y a jamais à renoncer au pouvoir salvateur des mots et des sons, fut-ce en un monde qui regorge d’infamies.

David et Frédéric : Plus que jamais, tristement, dans le contexte général actuel, il résonne. Repli sur soi, peur, rétablissements de barrières, dominations outrancières. Faire se rencontrer des artistes, dont le leitmotiv est d’aller à la rencontre de l’Autre, est notre manière de lutter contre ce qui semble être une fatalité. Célébrer le voyage, le partage, l’échange et l’amour « des deux côtés de la frontière » doit rester notre cheval de bataille envers et contre tout.